Cette lettre a été écrite par un officier du Régiment qui avait participé à la bataille de la Somme à Beaumont-Hamel, le 1er juillet, et qui répondait à ses proches pour les informer de ce qui s’était passé ce jour-là et de la façon dont il avait été blessé. Remarquez comment il termine sa missive, affirmant qu’il a hâte de rejoindre le Régiment sous peu.

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La grande offensive

L’expérience d’un officier de Terre-Neuve

Écrivant à ses proches, un officier des « Nôtres », qui a participé à la grande offensive du 1er juillet et qui est actuellement à l’hôpital, donne des renseignements qui seront d’un grand intérêt pour nos lecteurs et, grâce à la gentillesse des destinataires, il nous est permis d’en publier des extraits. Voici ce qu’il dit :

Vous aurez reçu mon télégramme et aurez aussi entendu parler des terribles pertes qu’a subies le Régiment au cours des quelques derniers jours. La « Grande offensive » dont il a beaucoup été question a finalement commencé et nous avons eu l’honneur d’être au nombre des premiers régiments à donner l’assaut. Nous avons subi de lourdes pertes, mais nos hommes sont morts noblement et se sont couverts de gloire. Je ne peux décrire les détails de la bataille, mais je vais essayer d’en dresser les grandes lignes, dans la mesure du possible. Nous avons été choisis pour prendre la troisième ligne de tranchées ennemies, mais au dernier moment, parce qu’une autre Brigade se faisait anéantir, on nous a envoyés attaquer la première ligne, qui se trouvait à environ 500 verges de nos lignes. Nos compagnons étaient en grande forme et se sont lancés en terrain découvert, mais ils n’avaient parcouru qu’environ la moitié de la distance lorsqu’on a ouvert sur nous un terrible tir de mitrailleuse, d’obus à balles, d’explosifs détonants, de bombes et de mortiers de tranchée; nous avons été littéralement fauchés, tout cela en environ quatre minutes. C’est à peine si je peux supporter le souvenir de cette scène en ce moment. Le fait que je m’en sois sorti avec seulement trois blessures est vraiment providentiel. J’avais parcouru à peu près 200 verges lorsque la première balle m’a atteint au bras droit; j’ai reçu la suivante dans l’épaule droite et, environ une minute plus tard, la troisième s’est retrouvée dans la partie charnue de ma cuisse. Celle-là m’a fait tomber et je ne pouvais plus avancer -------------------- suivait juste derrière moi avec trois hommes seulement, c’est tout ce qui restait, mais n’a pas pu aller très loin, puisqu’il s’est retrouvé avec une balle au bas du dos, juste au-dessus des hanches. Tout cela s’est déroulé entre 9 h et 9 h 10 le matin. C’était un matin magnifique. Là où je suis tombé, il y avait un petit trou d’obus dans le sol, pas vraiment assez grand pour me contenir, mais je me suis recroquevillé autant que j’ai pu et j’ai laissé mes jambes dépasser. Au cours des deux heures qui ont suivi, un effroyable bombardement a fait rage, et je m’attendais à tout moment à être pulvérisé hors de mon précieux trou exigu dans le sol. À midi, il y a eu une brève accalmie, et je me suis soulevé pour chercher du regard ------------------- aux alentours, car jusque là je ne savais pas comment il s’en était sorti. Je l’ai aperçu à environ 10 verges devant moi, et j’ai hurlé dans sa direction pour savoir s’il était sauf. Il a acquiescé par un signe de la main et s’est mis à ramper vers moi. Il lui a fallu un certain temps, son dos étant en très mauvais état. À 1 heure, nous étions tous deux pelotonnés dans ce trou. Il allait très mal et c’était évident, alors nous avons tous deux décidé qu’au lieu de rester là jusqu’à ce qu’il fasse noir, nous allions nous lever, et courir le risque de marcher jusqu’à nos propres lignes. Alors, nous tenant par le bras, nous avons clopiné et, c’est merveilleux à conter, il n’y a pas eu un seul tir, bien que nous ayons été totalement à la vue des boches. Une fois dans la tranchée, on l’a soigné  ‑‑‑‑‑-----------, et on l’a placé sur un brancard et amené dans un petit village situé à deux milles derrière notre ligne, où il y avait un poste de secours. Je suivais derrière, à pied. Les installations médicales affectées à cette offensive étaient vraiment parfaites. C’était la première fois que je m’y retrouvais et j’étais plus que surpris. La manière dont ils s’occupaient d’un si grand nombre d’hommes blessés, avec tellement d’attention, de rapidité et de calme, était merveilleuse, et les soldats étaient si patients et contents, on n’entendait pas un murmure. Je suis passé par cinq postes de secours avant d’atteindre Boulogne (à 22 h, le 2 juillet). Au quatrième poste, Armentières, j’ai dû abandonner mon compagnon, puisqu’il n’était pas en mesure de voyager en train; on m’a assuré qu’il allait assez bien, mais il devait se reposer avant d’aller plus loin. De là, j’ai voyagé par train-hôpital jusqu’à Boulogne, et j’ai passé la nuit à l’Hôpital militaire no 7. À 14 h le jour suivant, on m’a transféré sur le bateau-hôpital Jan-Breydel et je suis arrivé à Douvres à 19 h, après une traversée très calme et confortable. Jusqu’à Boulogne, je pouvais marcher, mais ma jambe devenait de plus en plus raide; à partir de là, je suis devenu un « cas de brancard ». Nous avons pris un autre train-hôpital de Douvres à Charing Cross, où nous sommes arrivés le soir, à 22 h. On m’a ensuite envoyé par ambulance motorisée jusqu’à l’endroit où je suis à présent. C’est un très bel hôpital, et l’on y prodigue des soins aussi attentionnés qu’exceptionnels. Je ne peux vous donner de nouvelles du Régiment, si ce n’est pour vous dire qu’il y a eu de lourdes pertes. ….. Dans peu de temps, je serai capable de courir, et après une semaine de congé environ, je serai de retour au sein du Régiment. »

Source : The Daily News, le 21 juillet 1916

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