Voici un éditorial du rédacteur en chef du Evening Telegram publié le 7 juillet 1916. Voyez comme il rend hommage à ceux qui ont perdu la vie dans la bataille qui venait de faire rage à Beaumont-Hamel. Il exprime aussi ses condoléances aux personnes qui ont perdu des proches. Le dernier paragraphe de son éditorial insiste toutefois sur le recrutement et il encourage ces hommes qui n’ont pas encore rallié les rangs du régiment à le faire afin de venger la mort des soldats qui venaient tout juste de perdre leur vie.

[Traduction]

« Tués au combat

En un moment comme celui-ci, lorsqu’à la peine connue s’ajoute la peur d’une peine à venir, on ne peut que prononcer des paroles de réconfort. Ces paroles s’adressent à un pays puisque c’est tout le pays qui pleure. Terre-Neuve en entier a été frappée de plein fouet hier : quel coup cruellement dur pour St. John's. Dans des villes et des communautés plus grandes, dans de telles occasions, les gens éprouvent un sentiment général de sympathie bienveillante envers les personnes directement touchées. Mais seules ces dernières ressentent véritablement l’amertume et la douleur profondes de leur perte. Pour nous, ici, c’est très différent. Ces braves hommes étaient, nous pouvons dire, les fils et les frères de toute la ville, car ils étaient ses enfants choisis. Y a-t-il quelqu’un d’entre nous qui n’a pas connu un de ces jeunes intimement? Peut-être. Mais nombreux sont ceux qui les connaissaient, pour qui ils étaient des compagnons aimés, des collègues de classe, des coéquipiers dans le sport ou au travail, des connaissances agréables dans la vie de tous les jours.

Le réconfort que l’on donne et celui que l’on ressent sont en même temps une raison d’être fiers. Ces hommes n’ont-ils pas mérité à Terre-Neuve une place d’honneur en tête de liste d’exploits valeureux et de noms immortels? Déjà, ils l’avaient fait pour Gallipoli, mais Gallipoli était une défaite, un exploit glorieux et un nom inscrit dans la mémoire de tous sauf pour son haut commandement, mais une défaite néanmoins. L’offensive du 1er juillet n’est pas une défaite. Il s’agit de la première et de la plus importante étape menant à la victoire finale qui permettra d’écraser la puissance allemande et de mettre fin à son arrogance. Nos hommes y ont joué un rôle important à n’en pas douter. En parcourant les rapports des pertes, notre cœur se resserre, mais nous connaissons ces hommes, nous connaissons de quel bois ils se chauffaient et nous savons qu’ils n’ont pas donné leur vie en vain. La longueur de la liste et la nature des pertes sont éloquentes. Elles illustrent une offensive impétueuse et empreinte de bravoure sous un barrage de tirs. Nos hommes sont tombés pendant le premier assaut de l’infanterie et nous savons tous, maintenant, ce que cela signifie. Les progrès réalisés et les mauvais rapports montrent que ce ne fut pas en vain. Nous connaissons le prix (ce n’est malheureusement qu’une fraction du prix) qu’a payé notre régiment : nous ne savons pas encore ce qu’il a gagné en retour. Lorsque nous le saurons, lorsque le récit de leurs exploits dans tous leurs glorieux détails sera raconté, nous ressentirons dans toute l’île une fierté comme jamais auparavant.

Il est d’un grand réconfort et très rassurant de savoir que ceux qui ont porté, les premiers jours, le gros du fardeau de ces combats féroces ont été remplacés par d’autres. Notre régiment, assurément, profite actuellement d’un repos bien mérité derrière la ligne de feu. À la peine que nous éprouvons pour ceux qui sont morts et à nos vœux de guérison et d’allègement de souffrance adressés aux blessés, il faut ajouter une pensée. Ces hommes sont morts pour leur pays. Leur sang versé appelle à la vengeance. Que chaque homme en état se porte volontaire pour les venger. Leurs places doivent être comblées et à dix fois plutôt qu’une. Ils ont entendu l’appel aux armes et ils ont répondu. L’appel nous parvient à nouveau d’au-delà des océans; il s’adresse à notre virilité. Leur mort le renforce et lui donne encore plus de sens. Qu’il soit entendu et que ceux qui vivent et ont le pouvoir de frapper comme eux l’ont fait sachent y répondre ».

Source : The Evening Telegram, 7 juillet 1916

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