Cet article montre l’éclairage positif conféré par la presse et le gouvernement à ce qui se déroulait à Beaumont-Hamel, en France. Les journaux ont rapporté les horribles pertes subies par le Régiment mais ont aussi qualifié les nouvelles de très positives puisque les Alliés étaient en train de gagner la guerre. C’est ce qu’on faisait croire à la population pour qu’elle soit favorable à la guerre plutôt que de s’y opposer, et aussi pour encourager ceux qui devaient encore s’enrôler.

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La grande offensive
Les Français et les Britanniques capturent de nombreux Allemands et saisissent des armes et un butin de guerre

Messages du mercredi

Combats intenses

Londres, le 5 juillet. D’intenses combats se sont poursuivis tout au long de la nuit dans les environs d’Ancre et de la Somme, rapporte une déclaration officielle, publiée ici à 13 h, aujourd’hui. Nous avons fait d’autres progrès à certains endroits. L’artillerie allemande a été extrêmement active dans certains secteurs, dans les environs de Thiepval. Deux attaques dirigées contre nos nouvelles tranchées ont été repoussées, et l’ennemi a subi des pertes. Il n’y a pas eu d’autres événements importants à se dérouler sur le reste de notre front.

Les Français s’emparent d’un réseau de tranchées allemandes

Paris, le 5 juillet

Les Français de sont emparés d’un réseau de tranchées allemandes à l’est de Curlu, a annoncé aujourd’hui le War Office. Ils se sont aussi emparés de la ferme Sormont, en face de Cléry. Cela indique que les Français se déplacent vers l’est, le long de la rive nord de la Somme, dans leur progression vers Péronne, dans le cadre de l’offensive anglo-française de Picardie. Cléry, le point le plus avancé dont il a été question, est situé à 1,5 mille au nord-ouest de Péronne.

Le front britannique au complet fait sa part

Londres, le 5 juillet

Le correspondant de Reuter au camp de la presse en France souligne que les Britanniques font pleinement leur part dans les combats, non seulement sur les presque 20 milles où se déroulent les principales opérations, mais sur l’ensemble des 90 milles que parcourt le front britannique. Les ennemis le savent tellement bien, dit le correspondant, qu’ils n’osent pas transférer une seule arme ou un seul homme d’où que ce soit sur la ligne de défense entre Yser et Somme, pour essayer de contenir la poussée vers le sud. Dès le jour où le bombardement britannique a commencé, le glas de l’initiative allemande a sonné. Un ordre destiné aux troupes allemandes et trouvé par des soldats britanniques, poursuit le correspondant, prouve qu’on savait que les Britanniques avaient l’intention d’attaquer le 1er juillet, et qu’on croyait que cette attaque aurait lieu entre Roye et Lille.

La nouvelle armée de Kitchener

Londres, le 5 juillet

Dans les commentaires des journaux du matin, la fierté qu’inspire la brillante tenue des nouvelles armées britanniques est teintée de regret en raison des lourdes pertes infligées à la nation. Dans The Graphic on écrit : « La nouvelle armée que Kitchener a léguée au pays n’est pas composée de soldats professionnels, mais elle a démontré qu’elle était une armée dont tout pays pourrait être fier. Elle montre maintenant, sur les champs de bataille de la France, l’étoffe de laquelle est faite la race anglaise. »

Le Bulletin de Saint-Pierre

Paris, le 5 juillet

Au nord de la Somme, nous avons renouvelé notre offensive et nous sommes emparés durant la nuit d’un réseau de tranchées allemandes, à l’est de Curlu. Au sud de la Somme, notre infanterie, tirant parti de sa progression vers le fleuve, s’est emparée de la ferme Sermont. Tout le secteur entre cette ferme et la Côte 63, sur le sentier allant de Flaucourt à Barleux, est entre nos mains. Au cours de la nuit qui a suivi le bombardement intense, les Allemands ont attaqué Belloy-en-Santerre, occupant d’abord la partie est du village, mais la réplique de nos troupes nous a permis de reprendre chaque pouce de terrain perdu. Les Allemands s’accrochent encore à une partie d’Estrées, où les combats sont très ardus, mais chaque tentative de contre-attaque a été bloquée par notre artillerie et nos tirs de fusil. Le nombre total des non-blessés que nous avons fait prisonniers s’élève à 9 000. On ignore encore le nombre précis de canons que nous avons pris, mais sur le front où s’exécute l’un de nos corps d’armée au sud de la Somme, on a compté 60 canons.

Sur la rive gauche de la Meuse, à la fin de la soirée, une tentative visant à s’emparer de la place d’Avocourt a été complètement refoulée par nos mitrailleuses. Entre Avocourt et la Côte 304, les Allemands ont attaqué avec des liquides en flammes, mais ont été repoussés, essuyant de lourdes pertes. Sur la rive gauche, il y avait un bombardement très violent dans le secteur de Thiaumont et de Chenoie.

Commentaires de la presse allemande

Londres, le 5 juillet

Le correspondant de Central News à Amsterdam dit que le Frankfurter Zeitung qualifie de remarquable la progression française à Péronne, et poursuit ainsi : Nous savons que ce n’est que le début de la bataille. Les premiers assauts sont habituellement dangereux, mais il va de soi que l’arrivée de très importantes réserves dans les armées d’attaque, à laquelle on s’attend avec certitude, imposera une tâche très lourde aux défenseurs. Les Britanniques essaieront sans doute de profiter, dans leur nouvelle offensive, de l’expérience qu’ils ont acquise lors de leur échec à la bataille de Loos. Le correspondant du Berliner Tageblat écrit : « Les combats au nord de la Somme ont réduit les chances de progression rapide et systématique chez les forces alliées de l’Entente. » On peut lire dans le Volks Zeitung de Cologne : « Dans les cercles les plus larges du peuple allemand, on pense essentiellement que si l’offensive des Alliés est retardée, l’Allemagne aura accompli de grandes choses. »

On atteint les tranchées de troisième ligne

Paris, le 5 juillet

L’offensive française déploie de nouveau toute sa puissance, à la fois au nord et au sud de la Somme, mais surtout vers le sud. Dans cette direction, les Français sont maintenant en périphérie de Péronne, le grand centre ferroviaire qui est le premier objectif de leurs efforts pour couper les communications allemandes. La ferme Sarmont, dont les Français se sont emparés, n’est qu’à deux milles de Péronne, jouxtant les maisons suburbaines. On peut comprendre l’importance qu’attachent les Allemands à ce lieu vu leurs violentes contre-attaques contre Santerre, qu’ils ont pris momentanément. Ce village est situé entre Assevilers et Estrées, tous deux aux mains des Français, de sorte que les assauts allemands ont temporairement ralenti la progression anglaise. Ce ralentissement a rapidement été corrigé lorsque les Français ont repris la ville après de violents combats corps à corps. Le nombre des prisonniers allemands s’élève maintenant à 10 000, et l’on peut imaginer l’ampleur des prises de munitions sachant qu’un corps d’armée a pu à lui seul s’emparer de 60 canons.

Entre-temps, la progression au nord de la Somme est nécessairement retardée pour que l’aile gauche française puisse agir de concert avec l’aile gauche britannique. Les Britanniques ont fait face à une résistance extrêmement forte. D’imposants renforts allemands se sont pressés d’avancer toute la journée d’hier par la voie ferrée Cologne-Cambrai, qui atteint le centre même du front allemand; ils ont été attaqués par les Britanniques, et la résistance acharnée le long de ce front empêche les Britanniques de maintenir le même rythme de progression que les Français dans le sud. La ténacité avec laquelle les Allemands défendent leurs positions face aux attaques britanniques, en particulier autour de La Boisselle, pendant que les Français menacent Péronne, qui est plutôt négligée en comparaison, laisse croire que les autorités militaires allemandes sont surtout soucieuses de bloquer l’offensive britannique, même s’il leur faut pour cela sacrifier du terrain au sud. Les Français ont maintenant réussi, à certains endroits, à percer la troisième et dernière ligne de la défense allemande, telle qu’elle était avant que ne débute l’attaque. Les Allemands se précipitent pour constituer une nouvelle ligne, mais sont, de toute évidence, incapables de la rendre aussi solide que les trois lignes consolidées par 20 mois de travail.

Source : The Evening Telegram

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