L’aumônier Thomas Nangle et les monuments érigés à la mémoire des Terre­Neuviens tués au cours de la Première Guerre mondiale

Thomas Nangle, un prêtre catholique romain, a  été le premier aumônier du régiment. Après la Première Guerre mondiale, il s’est porté volontaire pour que les Terre-Neuviens tués au cours du conflit puissent reposer en des lieux convenables. Il a été nommé à l’Imperial War Graves Commission (maintenant la Commonwealth War Graves Commission) et au cours des six années qui ont suivi, il s’est attaché à trouver les corps de ses compatriotes terre-neuviens, à les identifier et à s’assurer qu’ils soient inhumés dans le respect et la dignité.

Il a aussi contribué à la création de cinq monuments du Caribou sur les champs de bataille du front ouest, où a combattu le régiment. On en trouve un sixième à St. John’s, dans le parc Bowring. L’aumônier Nangle a proposé que le caribou soit la pièce centrale de chaque commémoration du Régiment de 1914-1918 sur les champs de bataille. Il a aussi déployé beaucoup d’efforts pour que soit érigé le Mémorial national de Terre-Neuve, situé à St. John’s.

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Après la guerre, l’aumônier Nangle a joué un rôle de premier plan et a été le principal artisan de la construction d’un parc commémoratif à Beaumont-Hamel, en France. Il a embauché le sculpteur du caribou, le Capitaine Basil Gotto, et le célèbre architecte­paysagiste Rudolph Cochius. Le premier ministre de Terre-Neuve, Sir Richard Squires, a permis à l’aumônier Nangle de négocier avec 250 propriétaires de terrains français et de faire l’acquisition du terrain nécessaire pour établir le Parc commémoratif de Beaumont-Hamel.

À la fin de la guerre, Thomas Nangle était chargé d’exhumer les corps dispersés des Terre-Neuviens morts à la guerre, de les identifier et de les réunir dans des cimetières militaires convenables. Il agissait comme lien avec les familles des soldats du régiment qui avaient péri; il écrivait aux êtres chers et leur envoyait des photos de leur stèle funéraire.

Il a aussi joué un grand rôle dans la construction du Mémorial national de Terre-Neuve, sur Water Street à St. John’s, et était aide de camp du maréchal britannique Sir Earl Haig à l’inauguration du monument, le 1er juillet 1924.

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Le rapport de Thomas Nangle au ministre de la Milice de Terre-Neuve portait sur son travail, qui consistait à repérer les tombes des Terre-Neuviens, à exhumer et identifier les corps, en compagnie des Sergents H. Snow et J. Murphy.

[Traduction] « Chaque fois qu’on trouvait une de nos tombes, on la remettait en état, on y érigeait une croix et, si possible, on la photographiait. On vous enverra des copies de ces photographies afin qu’elles soient distribuées aux proches parents. Lorsque les corps seront enterrés dans des cimetières militaires convenables, et une fois érigées les pierres commémoratives de l’Imperial War Graves Commission, on les photographiera à nouveau. »

Son rapport expliquait aussi qu’il y aurait assez d’espace sur chaque pierre tombale pour que la famille puisse y apposer une inscription personnelle. L’espace était limité à 66 lettres et le coût était d’environ sept cents la lettre. On constate encore là ses efforts pour faire participer les familles des soldats tombés au champ d’honneur à l’établissement du lieu de repos éternel de leurs êtres chers.

Il ya lieu de signaler qu’au moment où le gouvernement de Terre-Neuve a acheté le terrain, la loi française interdisait aux gouvernements étrangers de posséder du terrain en France. C’est pourquoi le monument de Beaumont-Hamel a été inclus, de même que d’autres sites dans la même situation, dans la Convention datée du 18 décembre 1938, signée entre le gouvernement de la France et les gouvernements du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Les signataires se sont entendus pour que les sites inscrits sur la liste, qui avaient déjà été acquis tel que précisé, soient transférés à l’État français, mais concédés ensuite aux gouvernements concernés ou à la Commonwealth War Graves Commission, selon les modalités convenues. Beaumont­Hamel a été cédé gratuitement et à perpétuité au gouvernement de Terre­Neuve, tant qu’il demeure [Traduction] « exclusivement réservé aux usages du Mémorial ». À la suite de l’adhésion de Terre-Neuve à la Confédération canadienne, Beaumont-Hamel et les autres monuments commémoratifs terre-neuviens ont été pris en charge par le Canada.

 

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En 1922, le père Tom Nangle, Caporal suppléant, était toujours résolu à faire ériger des monuments commémoratifs à la mémoire des soldats du Royal Newfoundland Regiment morts à la guerre. Mais alors qu’il était à St. John’s pour Noël, des amis lui ont parlé de leurs difficultés à trouver des fonds en vue d’un monument commémoratif qui serait élevé dans la ville. Le 3 février 1922, le premier ministre Richard Squires à ses côtés, Thomas Nangle a donc assisté à une réunion du War Memorial Committee.

Le président a déclaré que le but de la rencontre était d’entendre certaines suggestions, et de recevoir une proposition du Caporal suppléant Nangle.

L’aumônier Nangle a informé les personnes réunies que l’Imperial War Grave Commission était disposée à accorder une indemnité de cinq livres sterling pour chaque homme du Royal Newfoundland Regiment, de la Royal Navel Reserve et de la marine marchande manquant à l’appel. Le montant total pouvait atteindre de 15 000 $ à 18 000 $. Il a dit que dans les circonstances, il serait indiqué d’affecter cet argent à la mémoire des disparus.

À ce moment-là, le père Nangle a déposé sa proposition à faire adopter par le conseil exécutif. [Traduction] « Je suis prêt, a-t-il dit, à me retrousser les manches et à travailler à obtenir d’autres fonds pour le Mémorial national de guerre…. Mais je veux avoir carte blanche quant aux méthodes employées pour recueillir de l’argent. »

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Le 22 octobre 1923, on a dynamité le premier escarpement de pierre à King’s Beach pour libérer de l’espace pour le Mémorial national de guerre. D’après la revue The Veteran, le gouverneur Allardyce a allumé la mèche devant des milliers de personnes. [Traduction] « Le contrat pour le bétonnage préliminaire du plateau a été accordé à messieurs Churchill et Pearce; tous deux sont d’anciens combattants. »

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En Grande-Bretagne, on a créé l’Imperial War Graves Commission (IWGC) qui eut pour mandat de surveiller la mise en œuvre, la création et l’entretien de cimetières militaires. À l’origine, il s’agissait d’un comité national (britannique), mais à la suggestion du Prince-de-Galles, il a englobé tous les États indépendants de l’Empire britannique qui s’étaient battus pour le Roi, y compris l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et Terre-Neuve. Aujourd’hui, cette organisation est connue sous le nom de Commonwealth War Graves Commission.

En vertu de sa charte, l’IWGC devait construire et décorer convenablement les cimetières militaires et marquer chaque tombe [Traduction] « de manière aussi permanente que le permettaient les techniques connues ». Elle devait aussi négocier avec les divers pays européens où avaient péri et étaient enterrés des soldats des troupes impériales.

La Commonwealth War Graves Commission a été créée le 21 mai 1917 en vertu d’une Charte royale, dont les dispositions ont été modifiées et élargies par une charte supplémentaire le 8 juin 1964. Elle a pour tâches de marquer et d’entretenir les tombes des membres des forces du Commonwealth morts au cours des deux guerres mondiales, de construire et d’entretenir des monuments commémoratifs à la mémoire des disparus dont le lieu de sépulture est inconnu ainsi que de tenir des relevés et des registres. Les frais sont partagés entre les gouvernements partenaires : l’Australie, le Canada, l’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, proportionnellement au nombre de tombes de chacun.

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Au sujet des monuments proposés, le père Nangle s’est exprimé sans détour pour faire valoir qu’il ne fallait épargner aucune dépense pour perpétuer le souvenir des soldats morts :

[Traduction] « Ce sont des monuments à nos glorieux disparus, et à nos tout aussi braves survivants. Ce sont des monuments élevés aux mères qui ont porté des fils si braves et à la terre qui les a nourris. Ils doivent être un hommage éternel aux hommes qui ont tout donné pour que le pays puisse vivre. De toute évidence, si St. John’s a pu ériger à grands frais une arche temporaire pour une célébration de deux journées, Terre-Neuve peut bien dépenser plus de 100 livres par monument pour commémorer pour l’éternité les exploits de son régiment et de ses 1 200 soldats disparus. Si tout ce que Terre-Neuve peut dépenser par monument, c’est 100 livres … je recommande de ne rien ériger du tout. Oublions donc que nous avons déjà eu un régiment. »

À l’évidence, ce sujet suscitait de vives émotions chez le père Nangle, son désir étant de voir une série de monuments qui fassent honneur au régiment et aux hommes inhumés à cet endroit.

Dans son rapport sur les tombes et les monuments, il a proposé [Traduction] « qu’on forme un comité de citoyens dynamiques et qu’on dresse une liste publique des souscripteurs, et que le gouvernement double le montant recueilli. » Ce fut là la première incursion de Thomas Nangle dans le monde du financement public, mais ce ne serait pas sa dernière.

Il a déclaré que [Traduction] « tout montant inférieur à 1 000 ₤ par monument en France serait indigne, comme tout montant inférieur à 100 ₤ pour chacun de nos principaux cimetières du R.­U. »

Il a laissé entendre qu’un montant d’environ 6 400 ₤, soit environ 35 000 $, devait être déboursé pour qu’on puisse ériger quatre monuments en France, un à Gallipoli et un en Belgique, et de plus petits monuments dans quatre cimetières militaires au Royaume-Uni (Wandsworth, Brookwood, Ayr et Winchester).

C’est avec cette suggestion finale qu’il terminait son rapport intitulé « Preliminary Report on War Graves and Battle Exploit Memorials ».

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En octobre 1919, Thomas Nangle termine un second rapport « Second Report on War Graves and Battle Exploit Memorials ». S’adressant au ministre de la Milice, il signale qu’on avait progressé rapidement depuis son dernier rapport. Il ajouta qu’on avait tenu une réunion le 30 septembre 1919, au bureau de l’adjudant général et que [Traduction] « il avait été question, entre autres, de nos monuments commémoratifs ».

Il dit avoir reçu 16 modèles de mémoriaux et de monuments, dont certains étaient [Traduction] « bons, d’autres très mauvais ».

[Traduction] J’ai communiqué avec le Capitaine (Basil) Gotta, qui a conçu « The Bombing Newfoundlander » [dans le parc Bowring, à St. John’s]; l’œuvre a été reconnue par l’Académie cette année. Le Capitaine Gotto est très enthousiaste à l’égard de tout ce qui concerne Terre-Neuve, ayant été en rapport avec nos hommes lorsqu’il était officier d’état-major à Winchester. Ses 30 ans de travail dans le milieu de l’art britannique lui ont valu sa renommée.

[Traduction] « Sa proposition est beaucoup moins chère que toutes les autres; le monument aura un caractère artistique et, d’après ce que j’ai pu voir de ceux qu’il a déjà conçus en France, il sera des plus originaux, puisque l’artiste prévoit créer un caribou géant, dans le style du « Monarch of the Topsails », sculpté en bronze sur un cairn de granite brut de Terre-Neuve, d’une hauteur d’environ 10 à 15 pieds. Il saura incarner le régiment, de même que Terre-Neuve. Ce sera une œuvre d’art …. Je vous conseille vivement de faire en sorte que le gouvernement adopte ce projet puisqu’il s’agira de l’un des plus beaux monuments élevés en France, digne du Royal Newfoundland Regiment. »

L’aumônier Nangle avait mis en marche le projet de création des cinq monuments commémoratifs du Caribou en Europe. Il y en aurait quatre en France (Beaumont-Hamel, Gueudecourt, Monchy le Preux et Masnières) et un en Belgique (Courtrai). Aujourd’hui, la plupart des Terre-Neuviens, même ceux qui ne sont jamais allés voir les cinq monuments en France et en Belgique, savent que la statue d’un caribou commémore les sacrifices du Newfoundland Regiment en Europe.

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Le monument commémoratif de guerre public

En juin 1921, la question d’un monument commémoratif de guerre a atteint un point critique à St. John’s lorsque Philip E. Outerbridge a organisé une rencontre publique pour discuter de la question. M. Outerbridge était un administrateur de Harvey and Company. Il avait été élu au conseil municipal de la ville de St. aux élections municipales du 15 décembre 1921.

La réunion concernant le monument commémoratif de guerre public s’est déroulée dans l’immeuble de la chambre de commerce, le 9 juin, sous la présidence de M. H. Cowan, président de la chambre. Environ 90 personnes y ont participé, dont Sir P. T. McGrath, le docteur Curtis, M. George Ayre, M. R.G. Rendel (OBE), M. John Higgins (président de la GWVA),  Lady [Mitchie Ann] Crosbie, Mme W. J. Herder et Lady Reid, qui connaissait toute la société de St. John’s de l’époque.

M. Outerbridge était d’avis que le projet de monument commémoratif de guerre ne devait plus tarder. Après bien des délibérations, on a créé le War Memorial Committee, dont M. R Rendel était président, et M. Outerbridge, secrétaire-trésorier. On leur a donné le pouvoir mettre sur pied un comité exécutif. Toutes les personnes présentes se sont mises d’accord pour agir immédiatement afin de recueillir les fonds nécessaires pour créer un monument commémoratif de guerre public.

Le 16 juin 1921, le comité exécutif du monument commémoratif de guerre tenait sa première réunion. Lady Crosbie était fortement en faveur du lancement immédiat de la War Memorial Company Unlimited et de la vente publique d’actions de cette société. Mme Keegan a émis une proposition, Lady Crosbie l’a appuyée, et le prix de ces actions a été fixé à un dollar. Les autres modes de financement étaient envisagés, dont les souscriptions volontaires, le porte-à-porte dans St. John’s et dans les environs, et une quête spéciale dans toutes les églises.

Le War Memorial Committee s’est rencontré le 4 juillet, et à cette date, on avait recueilli 8 699,94 $. Mais le comité avait remis en question l’idée du porte-à-porte et, au cours d’une réunion, le 14 juillet, on a décidé d’abandonner cette activité, la jugeant inopportune.

Le 19 août 1921, le comité s’est réuni et a discuté principalement de huit sites possibles pour le monument. Ces sites étaient : Harvey Road, près de la résidence de l’inspecteur général de la force policière de Terre-Neuve; en face de la Roman Catholic Palace Gate; sur le sommet de la colline du palais de justice; sur la plage; le parc de la rue Ordnance; le parc adjacent à l’Église Méthodiste; Bannerman Peak près du kiosque à musique; le parc Bannerman près de Military Road.

Deux semaines plus tard, le 16 août, le comité s’est réuni de nouveau pour débattre de l’importance de choisir un site pour le monument. Lady Crosbie a plaidé en faveur de King’s Beach [rue Water]. M. Bradshaw s’est dit préoccupé par le fait qu’on puisse choisir définitivement un site avant que les architectes ne déposent leurs estimations. Mais environ un mois plus tard, le 12 septembre, le comité était toujours incapable de décider d’un endroit précis où ériger le monument.

Au début d’octobre, le comité du monument s’est réuni et, mise à part la difficulté de choisir un site, il devenait évident que la collecte de fonds piétinait. L’argent entrait au compte-gouttes, dont un don de 148 $ des employés d’Ayre and Sons, et de 63 $ des travailleurs des Royal Stores, et le solde bancaire du comité était pratiquement inactif. L’avocat et ancien député William R. Howley, qui allait devenir juge, croyait que [Traduction] « le fait que l’érection du monument commémoratif soit retardée par un manque de soutien financier nous oblige à nous tourner vers les proches des disparus ».

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Plus de financement

Le père Nangle a créé un comité  afin de lancer une campagne de financement public pour le monument commémoratif de guerre. Selon un article du journal The Daily News, une fois le comité créé et opérationnel, suivit [Traduction] « une série effrénée de danses, de carnavals d’hiver, d’événements sportifs et d’autres moyens de recueillir des fonds ». L’une des activités organisées par M. Nangle mettait à contribution l’avion à skis du Major S. Cotton.

Les résidants de St. John’s pouvaient payer pour effectuer un vol avec le Major Cotton dans son avion à deux places, à cockpit ouvert. Parmi les activités de financement, on avait déjà eu recours à des matchs de hockey, à des matchs de curling, à des concerts, à des conférences, à un bal des officiers, à un tournoi de billard, à une danse de La Saint- Patrick, aux souscriptions auprès d’organisations telles que l’Orange Lodge, la Benevolent Irish Society, les clubs et les brigades, ainsi qu’aux subventions de l’IWGC, selon les états financiers du War Memorial Fund datés du mois d’août 1924.

On avait créé la Newfoundland War Memorial Company Unlimited et on vendait des actions à un dollar chacune, et personne ne travaillait plus fort que le père Nangle pour en vendre.

Réunion du War Memorial Committee, le 8 mai 1922

Au cours d’une réunion du War Memorial Committee, le 8 mai, le père Nangle a présenté un rapport de ses activités depuis qu’il avait pris le financement en main, au début de février. Il annonçait qu’il avait recueilli 48 002,34 $ et précisait que [Traduction] « le point le plus réjouissant de la campagne avait été l’absence complète de différences confessionnelles, des personnes de toutes classes et de toutes croyances de la collectivité s’étant unies pour atteindre le même objectif ».

Le docteur Robinson a alors pris la parole et a affirmé que puisque le père Nangle avait réussi à réunir les fonds nécessaires, il était temps finalement de choisir un site pour le monument. À ce moment, le père Nangle s’est levé et a présenté la proposition suivante :

[Traduction]

« ATTENDU QUE King’s Beach est la pierre angulaire de l’Empire outre-mer, et
ATTENDU QUE King’s Beach est le site qui surplombait l’embarquement d’un si grand nombre de ceux pour qui le monument sera érigé, et qu’il a aussi été témoin du retour des hommes brisés et des estropiés, et
ATTENDU QUE c’est le seul site facile d’accès dans la ville et qui peut être vu de tous ceux qui arrivent dans notre port ou qui le quittent, et
ATTENDU QUE c’est le seul site qu’approuve le grand public,
IL EST PROPOSÉ QUE cette représentation du monument commémoratif de guerre soit érigée sur King’s Beach. »

Cette proposition a été appuyée par A. W. Mews (et le Major J.W. March ), et adoptée à l’unanimité.

Le père Nangle a ensuite pris la parole et a donné son opinion sur la forme du monument commémoratif. Inspiré par l’émouvant poème du Colonel John MacRae « In Flanders Fields » (Au champ d’honneur), il a proposé que le monument soit tel un « feu de direction », un personnage brandissant la torche à laquelle fait allusion le poème de John MacRae.

Le père Nangle avait certes fait avancer la réalisation d’un monument commémoratif de guerre. En peu de temps, il s’était occupé du financement, et il dirigeait le choix du site et faisait aussi des suggestions sur la forme du monument.

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L’inauguration du monument commémoratif de guerre

L’inauguration a eu lieu huit années jour pour jour après la bataille de Beaumont-Hamel, le 1er juillet 1916. Le matin du 1er juillet 1924, à 10 h, un immense défilé d’environ 2 500 soldats, marins, vétérans, agents montés de la force constabulaire, cadets de l’armée, guides et scouts est passé devant le palais de justice sur la rue Water, à St. John’s. Sir Earl Haig assistait au défilé, d’une tribune. Selon The Daily News, le temps était [Traduction] « glorieusement beau… le soleil brillant de tous ses feux ».

À l’heure dite, Son Excellence le gouverneur et Feld-maréchal Haig est arrivé (au monument de guerre voilé); la garde d’honneur l’a reçu en présentant les armes.

Le nouveau premier ministre, Walter S. Monroe, en poste à la suite de l’élection de 1924, était présent pour accueillir Sir Haig, de même que le maire de St. John’s, Tasker Cook.

Le président R.G. Rendell s’est adressé à la foule et aux dignitaires au nom du War Memorial Committee. Le gouverneur William L. Allardyce a accepté le monument au nom des Terre-Neuviens. M. Allardyce, un officier militaire de carrière, avait été gouverneur de 1922 à 1928. Dans son discours de remerciement, il a déclaré :

[Traduction] « J’accepte officiellement, au nom de la population de Terre-Neuve et de ses dépendances, ce monument commémoratif de guerre. Près de ce poste de commandement et lieu historique, Sir Humphrey Gilbert est arrivé en août 1583 et, prenant possession, au nom de Sa Majesté le Reine Elizabeth, de cette Terre Neuve, il fondait ainsi notre Empire outre-mer. Tous les Terre-Neuviens savent ce que représente ce monument, et nous sommes très reconnaissants qu’il soit dévoilé aujourd’hui par l’un de ceux qui ont mené les armées à la victoire. »

Après l’allocution du gouverneur, des dirigeants de diverses Églises ont récité des prières, y compris le révérend Broughton, président de la Conférence méthodiste, et monseigneur J. March, évêque de Harbour Grace. Le dévoilement du monument était un événement non confessionnel.

Après les prières, un peloton de tir a tiré trois salves de canon, puis un clairon a joué la sonnerie aux morts, suivie de deux minutes de silence. Le Feld-maréchal Haig a ensuite salué l’immense foule et a commencé son allocution en prononçant les mots suivants :

[Traduction] « Votre Excellence, Colonel Nangle, Mesdames, Messieurs : J’ai l’insigne honneur de participer à cet hommage que rend Terre-Neuve à ses braves disparus… Je suis ici non seulement à titre de votre ancien dirigeant sur les champs de bataille, mais comme représentant … des armées de la Grande-Bretagne et des autres membres du Dominion qui ont combattu à vos côtés dans les batailles de l’Empire et qui sont fiers aujourd’hui de se joindre à vous pour honorer les braves fils de Terre-Neuve qui sont morts …. »

Sir Haig a poursuivi son allocution pendant un certain temps. Il a remercié les parents présents et a offert ses condoléances aux familles ayant perdu un fil, un frère, un père au cours du conflit. Il a louangé la réputation au combat du Royal Newfoundland Regiment, et a souligné la défense de Masnières par le régiment, à la fin de novembre 1917. Il a conclu en disant : [Traduction] « En mémoire de nos valeureux camarades, qui ont donné leur vie pour le Roi et la Patrie, je dévoile le monument. » 

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Dévoilement à Beaumont-Hamel

Le 7 juin 1925,  par un temps radieux, le Feld-maréchal Haig, en compagnie du Lieutenant-colonel Nangle, a officiellement dévoilé et dédié le monument du caribou de Beaumont-Hamel. Une foule nombreuse était réunie pour la cérémonie de dévoilement, composée d’un grand nombre de dignitaires religieux, civils et militaires, notamment : le Maréchal Fayolle, chef de l’état-major général de France; J. R. Bennett; le Lieutenant­colonel A. E Bernard et son épouse; le Lieutenant-général Sir Almer et Lady Hunter-Weston; le Lieutenant-général Sir Beauvoir de Lisle; le Major W. H. Parsons et son épouse; le Major-général D. E. Cayley; le Lieutenant­caporal A. L. Hadow; le Capitaine Basil Gotto et son épouse; M. et Mme Rudolf Cochius et bien d’autres dignitaires, proches et amis du régiment. Chacune des unités de la célèbre 29e Division avait envoyé des représentants pour la garde d’honneur.

Ainsi prenaient fin des années de dur labeur, ponctuées de négociations, de recherche de financement et d’inquiétudes. Finalement, la terre sacrée de Beaumont-Hamel était prête à servir de tombeau en mémoire des sacrifices du North Atlantic Dominion.

Plus tard, le père Nangle a raconté qu’on n’avait pas pu procéder à l’inauguration du parc le 1er juillet parce que Sir Haig devait être au Canada pour rencontrer des anciens combattants. À titre d’aide de camp de Sir Haig, le père Nangle avait dû partir pour le Canada une semaine plus tôt pour se charger des préparatifs.

L’édition du 9 juin 1925 du journal The Daily News a couvert l’ouverture officielle. L’honorable J.R. Bennett représentait le gouvernement de Terre-Neuve et il a ouvert les cérémonies par une allocution. Un discours du Feld-maréchal Haig a suivi :

[Traduction] « Nous sommes ici pour dévoiler un monument qui rappellera aux générations à naître les hommes de Terre-Neuve ainsi que l’unité et la force du puissant Empire qui est notre fierté et notre patrimoine… Ces collines où sont tombés un si grand nombre de nos hommes, les meilleurs et les plus braves, sont consacrées à leur mémoire. En ce lieu où vos camarades sont morts dans l’espoir que cette victoire se réalise, vous avez érigé un monument à leur foi et à leur courage. Cet endroit deviendra un lieu de pèlerinage qui, de génération en génération, amènera des Terre-Neuviens en France. Le Bataillon a écrit un chapitre glorieux et inoubliable de l’histoire honorable de la plus ancienne colonie anglaise. »

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Âge au décès

Nombre de décès

16

5

17

16

18

48

19

153

20

189

21

191

22

137

23

126

24

107

25

84

Source : Archives provinciales - MG 9 1.02.009 (documents du Capitaine C.S. Frost)

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