Le texte qui suit s'inscrit dans la campagne de recrutement qui a eu lieu pour tenter de mobiliser les jeunes hommes qui ne s'étaient pas encore enrôlés. Prenez note du libellé du texte qui vise à essayer de culpabiliser ceux qui ne s'étaient pas encore enrôlés. La dernière partie de la documentation de recrutement souligne le fait qu'à moins que les hommes ne commencent à s'enrôler, le gouvernement pourrait devoir envisager un « autre moyen » de recrutement afin de s'assurer que l'effectif du régiment soit complet, cet « autre moyen » étant la conscription. La Loi sur le service militaire a été promulguée lors d'une séance spéciale de la Législature tenue le 11 mai 1918. On n'a eu recours à la Loi qu'une seule fois, dans le but de lever un groupe de 3 629 hommes dont 1 573 ont été jugés physiquement aptes au service militaire; aucun de ces hommes n'a cependant été en service actif puisque le temps qu'ils traversent l'Atlantique et terminent leur entraînement en Grande-Bretagne, l'armistice avait été signé.

Le Royal Newfoundland Regiment a été l'unique régiment, tant chez les Alliés que chez l'ennemi, à compter un effectif complet de soldats s'étant portés volontaires pour le service.

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UN APPEL

 Au peuple de Terre-Neuve

 Depuis le déclenchement de la Grande Guerre, la présente colonie, à l’instar de toutes les autres parties de l'Empire britannique, a envoyé ses fils les plus courageux et les meilleurs pour faire respecter les glorieuses traditions de notre drapeau et de l'Empire britannique.

 Au sein des forces de combat de la Grande-Bretagne et de ses formidables Alliés, les hommes du Newfoundland Regiment se sont taillé une réputation, à eux et à leur pays bien aimé, et érigé en exemple. Cette réputation et cet exemple leur survivront pendant de nombreuses années, et la gloire et l'honneur durables associées à ceux-ci rejailliront sur cette très ancienne et loyale colonie.

 Jusque dans les derniers mois, un nombre régulier de recrues était disponible pour combler les manques qui se produisent continuellement dans les rangs, en raison du fait que notre régiment a été appelé à participer à toutes ou à la plupart des batailles importantes se déroulant en France et en Flandres, et qu’il a pris part aux premiers jours de la campagne de Gallipoli. Depuis quelques mois, malheureusement, le nombre d'hommes offrant de remplacer ceux qui ne sont plus en mesure de tenir leur place sur la ligne de combat, qui doivent abandonner en raison de blessures ou de maladies, en plus de ceux qui ont sacrifié leur vie pour la cause juste pour laquelle nous combattons ne suffit plus. Nous, les parents restés au pays de ces glorieux soldats de Terre-Neuve, ferons-nous la sourde oreille à l'appel à l'aide qu'ils nous lancent continuellement? Ne tiendrons-nous aucun compte des actes de grandeur et de vaillance qu'ils ont accomplis en nous retenant et en ne comblant pas ces manques?

 Attendu que les hommes ont combattu, ont souffert et sont morts — si héroïquement et si noblement — pour nous, notre pays et nos foyers, par le passé, ceux qui sont restés au pays peuvent-ils ignorer leurs actes et de leurs sacrifices et laisser le monde réaliser que les jeunes hommes de Terre-Neuve demeurés au pays ne sont pas de la même bonne origine que ceux qui se sont distingués dans l'infanterie britannique? Non, je sens que des centaines de jeunes hommes n'attendent qu'à être sensibilisés à leurs responsabilités, et qu'ils se présenteront et prendront la place de ceux qui sont partis ou sont inaptes, et prendront le relais, pour un certain temps du moins, de ces courageux garçons (particulièrement ceux comptant parmi les cinq cents premiers) qui ont supporté le feu et l'agitation du combat, et à qui devrait être donnée la possibilité de retourner dans leur foyer pour ce repos bien mérité qu'ils souhaitent et qui leur manque naturellement.

 Nous nous préparons à lancer une campagne de recrutement active, et des agents de recrutement se rendront dans toutes les parties de l'Île afin de donner à tous les hommes qui sont admissibles au service la possibilité de s'enrôler. Toutes les dispositions nécessaires seront prises pour assurer le bien-être et s'occuper des personnes à charge que ces hommes laisseront derrière eux. Dans le cas des hommes mariés et de ceux qui laissent des personnes à charge, des allocations d'absence du foyer sont prévues en vertu du règlement qui vient d'être publié.

 Des pensions seront versées à ceux qui sont inaptes en raison de blessures ou de maladies, ainsi qu'aux personnes à charge de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie. Par conséquent, c'est avec beaucoup d'assurance que j'appelle les jeunes hommes du pays d'âge militaire à se présenter eux-mêmes comme recrues d'un régiment dont tout homme, de Terre-Neuve ou d'ailleurs, serait certainement fier de faire partie. Accomplissez maintenant votre devoir; assumez votre rôle d'homme et ne laissez jamais personne vous lancer au visage, ou à celui de vos enfants, que vous avez manqué à votre devoir à l’égard de votre pays, à l'heure de sa plus grande épreuve. Je lance un appel aux mères, aux pères et aux sœurs afin qu'ils aident ces garçons à comprendre leur devoir et les encouragent à quitter volontairement, comme des hommes, afin de pouvoir participer à la grande victoire qui s'en vient sans nul doute et ne peut tarder encore longtemps.

 Si cet appel ainsi que les efforts de recrutement présents ne sont pas fructueux et ne permettent pas de mobiliser le nombre nécessaire de recrues d'ici la fin de l'année, nous aurons donc atteint la croisée des chemins; nous devrons alors retenir l'une des deux solutions suivantes, soit le retrait de notre régiment en tant qu'unité distincte, ce qui constituerait un événement des plus regrettable et déplorable, soit que le gouvernement de la colonie envisage, à contrecœur, d'autres moyens de mobiliser des hommes afin de maintenir l'effectif requis de nos forces de combat. Hommes de Terre-Neuve, démontrez donc que cette ancienne et loyale colonie est capable, et prête, à maintenir au moins un bataillon formé entièrement de volontaires sur la ligne de combat pour conserver ces glorieux succès que nous avons obtenus jusqu'à ce que les hostilités prennent fin.

 Les hommes qui ne sont pas tout à fait aptes au service militaire actif trouveront une occasion de faire « leur effort de guerre » en présentant une demande d'admission dans les Forestry Companies qui manquent aussi sérieusement d'hommes.

VOS FRÈRES D'ARMES LANCENT UN APPEL! VOTRE DEVOIR EST D'Y RÉPONDRE!

J. R. Bennett
Ministre de la Milice

Source : MG 439, boîte 2, dossier 9, The Rooms, Archives provinciales, St. John's (T.­N.-L.)

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