Ces lettres, qui ont été publiées dans The Daily News quelques semaines après le début de la Bataille de la Somme le 1er juillet, proviennent de soldats du régiment de Terre‑Neuve qui les ont envoyées à leurs êtres chers restés à la maison. Ces lettres indiquent ce que ces hommes ont survécu à cette journée fatidique mais notez le langage positif qu’ils utilisent et le fait qu’un grand nombre d’entre eux sont impatients de retourner au front une fois qu’ils seront guéris. Ces lettres ont dû être grandement appréciées par les membres de la famille qui les ont reçues et ont été soulagés de savoir que leur mari, leur frère, leurs fils, etc. allait bien et se rétablissait à l’hôpital.

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J’ai survécu indemne

Du Sdt A.J. Stacey à son frère Frank, à la Banque de Montréal

Quelque part en France

Cher F----- Sans aucun doute, tu auras déjà consulté la liste des pertes en espérant que tu n’allais pas y trouver mon nom. Tu t’es probablement dit : comment ai‑je réussi à ne pas  être porté sur une liste aussi longue? Tout ce que je peux faire, c’est remercier Dieu. J’ai survécu sans une égratignure, mais ai échappé de justesse à des blessures. Eh bien, avec toute mon expérience de la guerre, j’ai bon moral et, en fait, tout le monde se sent comme moi. Je te jure que chaque homme a fait son devoir et que personne n’a faibli. Comme je suis avec le Quartier général, c’est‑à‑dire le commandant et l’adjudant, nous avons été les premiers à y aller et le commandant nous a indiqué le chemin de son bâton. Il était 9 h 15 le matin du jour que tu connais et nous sommes tous montés sur le parapet en pleine action, les balles pleuvant autour de nous comme de la grêle. On a levé la main, comme s’il pleuvait fort, pour se protéger de la pluie. Sans aucun doute, tu connais maintenant les détails. Il y a une bonne description de la bataille dans le Daily Mail du 8 juillet. Le commandant du corps d’armée est venu il y a quelques jours et nous a fait des compliments à nous tous et nous a dit que nous étions sans égal. Que Dieu vous bénisse tous!

Affectueusement, ton frère

Jim

Source : The Daily News, 28 juillet 1916

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Nos petits gars sur le front

Du spécialiste des transmissions Jack Maddick, Compagnie C, à sa sœur

Londres, 12 juillet 1916

Chère sœur,

Tu seras probablement très surprise de savoir que je suis de nouveau à Londres. Eh bien, je suis venu ici pour voir Harry, et cela fait trois jours que je suis là, attendant qu’il arrive de France. Il est arrivé la nuit dernière et je suis allé le voir cet après‑midi. Je peux t’assurer qu’il n’y a pas la moindre cause d’anxiété. Il n’a pas fait partie de l’assaut majeur mais il était dans les tranchées, attendant de renforcer l’un des officiers qui avait été frappé alors qu’il menait la charge, quand un obus a explosé à côté de lui et l’a blessé à l’épaule, fracturant son omoplate. Des morceaux d’obus l’ont frappé au visage mais les marques qu’il en garde au visage disparaissent graduellement. Bien qu’il ait perdu beaucoup de sang et soit assez pâle, comme on pourrait s’y attendre après une telle épreuve, il se considère très chanceux d’être vivant, vu le nombre de pertes énormes subies lors de cet assaut. Je pense que tu seras d’accord avec moi pour dire qu’il a eu beaucoup de chance de s’en tirer si bien et c’est grâce à Dieu qu’il n’a pas subi un sort pire. Je pense qu’il aura une permission, ce qui lui permettra de rentrer à la maison et tu pourras le voir alors. En attendant, sois rassuré qu’il va bien. Je ne te donnerai pas de faux espoirs si je savais que ses blessures étaient graves mais ce n’est pas le cas et au fil du temps, il se remettra.

J’ai visité plusieurs salles où nos petits gars étaient hospitalisés. Il y en a environ 400 ici, certains ayant des blessures affreuses, d’autres sont blessés légèrement, et tout le monde dit que nos petits gars ont mené la charge en chantant et en fumant. Ils ont le frisson quand ils parlent de tous les hommes qui sont tombés à leur droite et à leur gauche, et de tous ceux dont ils ont dû franchir le corps. Je me fais une petite idée de ce que cela a dû être, mais vous, à la maison, n’en avez pas la moindre idée. Je n’étais pas destiné à être en France avec eux. Si j’avais dû y aller, je pourrais fort bien ne pas être vivant aujourd’hui, mais mes chances étaient aussi bonnes que les autres et je regrette sincèrement de tout mon cœur de ne pas avoir été présent pour partager leur gloire. Nous n’avons pas encore reçu une liste complète des pertes, mais elles sont lourdes, c’est tout ce que nous savons. Londres est à environ 400 milles ou plus d’Ayr. Je pars d’ici le vendredi 15 de ce mois à destination d’Ayr. J’irai de nouveau rendre visite à Harry avant de partir. Il vous envoie ses pensées affectueuses à toi, à tous les membres de la famille et aux amis qui se préoccupent de lui. Dis à Will et Charl et à tous les amis que je l’ai vu et qu’il va bien, a bon appétit, s’assoit et bavarde, etc. Mon adresse sera la même qu’avant.

Le désastre doit avoir attristé tout Terre‑Neuve et mon cœur se sert quand je pense à toutes les personnes endeuillées qui ont sans aucun doute perdu leur gagne‑pain. Les familles d’Ayr ont subi une tragédie quadruple. Le Capitaine Eric dont l’épouse est restée à Ayr, son frère, le Capitaine Bernard, qui était dans un régiment anglais et ses deux cousins, Wilf. et Gerald ont été tués. Quel coup du sort!

Ton frère dévoué,

Jack          

Source :  The Daily News, 29 juillet 1916

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Nos petits gars

Le Soldat Patrick Stamp à son frère William

Quelque part en France

11 juillet 1916

Cher Will,

Juste une petite note pour te dire que je suis en excellente santé. Je sais que tu te demandes où je me trouve mais grâce à Dieu, je vais très bien et j’ai survécu aux événements terribles du 1er juillet sans même une égratignure, alors que j’étais en plein milieu de l’action. Je te dirais que cela était un spectacle pénible que de voir tant de nos camarades tomber. Tu ne penses pas que j’ai beaucoup de chance d’avoir survécu? J’aimerais que cette guerre cruelle soit terminée. C’est triste de voir tant de beaux jeunes gens mourir ainsi. Cependant, nous faisons tous de notre mieux pour une bonne cause et je n’ai pas de raison de me plaindre. Après quelques semaines dans les tranchées, on en a vraiment marre de la guerre mais on continuera inéluctablement ce qui a été entrepris.

Meilleures salutations à tous,

PAT

Source : The Daily News , 3 août 1916

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Du Soldat Wiseman à sa tante

Quelque part en France

11 juillet 1916

Chère tante,

Juste un petit mot pour te dire que tout va bien mais que je suis à l’hôpital avec une blessure par balle au pied. Ce n’est rien, chère tante. Je ne peux pas te donner beaucoup de détails sur l’assaut donné le samedi, 1er juillet. Nous avons escaladé le parapet à environ 9 h du matin. Avec quelques autres, j’ai continué jusqu’à ce que nous arrivions à quelques verges des barbelés allemands, quand une explosion a éclaté. J’ai passé plusieurs heures dans l’herbe et, quand j’ai pu le faire, j’ai réussi à revenir dans les tranchées. Il a été horrible de voir les Allemands tuer nos blessés quand ils rampaient pour revenir dans leurs rangs; c’était si triste qu’il ne m’importait pas s’ils allaient me tuer. J’ai gardé la balle allemande comme souvenir et j’espère un jour régler son sort au Hun sauvage qui l’a tirée. Je vais probablement passer un certain temps à l’hôpital, mais ne t’inquiète pas, je suis très bien traité.

Will

Source : The Daily News, 3 août 1916

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Du Soldat W. Bradley à sa mère, Mme Jacob Bradely, 48, rue Field

France

Le 15 juillet 1916

Chère maman,

Juste quelques lignes pour te faire savoir que je vais tout à fait bien. Je sais que tu dois t’inquiéter à mon sujet et te demander ce qui m’est arrivé. Tu seras ravie de savoir que je m’en suis tiré sans une égratignure. Je parlais à W. Hall hier. S’il te plaît, dis à sa mère qu’il va bien. Nous avons quelques moments de tranquillité en ce moment, c’est pour ça que je peux t’écrire. Il fait assez beau ici mais nous avons de la pluie de temps à autre. Alors, si tu as des bas que tu peux m’envoyer, j’aimerais les recevoir. Donne mes amitiés à tous les membres de la famille. J’espère avoir bientôt de tes nouvelles.

Ton fils dévoué,

W. Bradley

Source : The Daily News, 3 août 1916

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