Le 26 août 1916

Hommage à nos nobles officiers, le Capt E.S. Ayre, et les lieutenants G & W Ayre

Messieurs Ayre
St. John’s,
Terre-Neuve

Puisque je suis l’un des derniers survivants de la bataille du 1er juillet, qui vous le savez s’est révélée extrêmement dévastatrice pour notre régiment et dans laquelle vos valeureux fils ont succombé, et que je suis en outre un observateur et un messager dans la Compagnie D où le Capt Eric était cmdt, j’estime qu’il est de mon devoir de vous écrire ces mots en leur mémoire, surtout en ce qui concerne le Capt Eric.

Je dois avouer que je ne connaissais par très bien le Lt Gerald, qui était officier de peloton dans une autre compagnie, mais selon le témoignage des hommes survivants de son peloton, il était calme et sans crainte. Je connaissais personnellement le Lt W. Ayre et le Capt E.S.

Le Lt W. dirigeait son peloton avec enthousiasme et calme jusqu’à ce qu’il soit mortellement atteint à la tête par un shrapnel. Je l’ai vu tomber mais il était mort avant que je puisse l’atteindre.

De plus, je dois admirer, avec les autres anciens camarades, la façon unique qu’avait le Capt Eric de diriger sa compagnie en ce jour fatal. Il veillait sans cesse pendant les préparatifs à ce que chaque homme ait tout ce qui lui était nécessaire et disait souvent avec amabilité que tout irait bien ce jour-là, et je suis convaincu que ses hommes avaient confiance en lui et l’estimaient énormément. Le matin de l’avance, j’étais à côté de lui et j’ai été profondément touché par son sang-froid, sa réserve et son courage lorsqu’il entreprit cette tâche mortelle. Il sauta dans l’embrasement et les derniers mots que je l’ai entendu prononcer furent « Allez les hommes, venez avec moi. » et il s’engagea à la tête de l’ancienne compagnie D comme s’il faisait une démonstration dans un champ tranquille.

Tout était en ordre parfait alors que nous avancions dans une rafale de mitrailleuse, accompagnée de shrapnels. Me précipitant avec notre bon capitaine, je vis plusieurs hommes dispersés ici et là mais avançant toujours et en me retournant, je vis le Capt Eric tomber. Je me précipitai vers lui mais vis que sa blessure était mortelle; mais, dans l’ombre de la mort, en remuant sa canne, il indiqua à ses hommes de continuer. Je fus touché par son courage et c’est seulement à ce moment que je me rendis compte de ce qui se passait. Lui et ses braves cousins et camarades avaient consenti l’ultime sacrifice et à ce jeu, nous ne pouvons dire lequel d’entre nous sera le prochain à payer la même dette.

Même si sa perte nous attriste terriblement, nous sommes fiers du Capt Ayre, et en outre tout homme de sa compagnie savait bien avant ce jour-là qu’il avait l’étoffe d’un parfait gentleman et d’un téméraire et vaillant soldat. Au nom des anciens camarades de sa compagnie, qui sont toujours mes frères dans cette entreprise, je vous transmets mes sincères condoléances pour votre très grande perte.

Le Capt Ayre est une personne que nous honorerons toujours, une personne dont les actes traverseront l’histoire de Terra Nova. Il rencontra la mort sans crainte et avec noblesse, et nous sommes fiers de lui.

Veuillez accepter mes profonds regrets et l’expression de mes salutations respectueuses.


Signé : F. Riggs,
Caporal suppléant

Un des siens dans sa compagnie

Source : COLL 158- 6.02, Centre for Newfoundland Studies Archives, Memorial University of Newfoundland, St. John’s (T.-N.-L.)

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